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Friday, 11 November 2016
Conférence sur le climat de Marrakech Oubliez la COP22 bienvenue à la CMA1 !
On n'attendait pas grand chose de la conférence sur le climat qui s'ouvre demain au Maroc, mais l'entrée en vigueur à grande vitesse de l'Accord de Paris a tout changé : voilà que la COP22 sera aussi la CMA1, c'est-à-dire la première conférence des parties à l'Accord de Paris (CMA est l'accronyme de "COP serving as Meeting of the parties to the Paris Agreement").
Un programme de travail chargé pour la CMA1

- Des contributions nationales, les fameuses INDC, dont il faut arrêter le calendrier (article 4)
- Du mécanisme de réduction des émissions (art. 6)
- Du renforcement des capacités (art. 11)
- Du mécanisme de transparence par lequel les pays développés doivent rendre public tous les deux ans l'aide qu'ils apportent aux pays en développement (art. 13)
- Des procédures permettant de s'assurer que l'Accord est bien respecté (art. 15)
Report probable mais à haut risque
Les décisions qui accompagnent l'Accord de Paris prévoyaient la création d'un groupe de travail spécial chargé de préparer la CMA1 (connu sous le petit nom d'APA dans les cercles spécialisés) et demandaient au GIEC de produire un rapport sur la mise en œuvre de l'Accord mais l'un et l'autre ont été pris de vitesse par l'entrée en vigueur du texte. Le rapport du GIEC doit paraitre en 2018 et l'APA ne s'est réuni qu'une seule fois à Bonn en mai... Il faut dire que l'entrée en vigueur de l'Accord de Paris était prévue aux alentours de 2020, pas dès cette année.
La communauté internationale se trouve donc avec un programme de travail chargé sans avoir eu le temps de s'y préparer.
Par ailleurs, même si le texte est déjà en vigueur près de la moitié des pays n'ont pas encore terminé sa ratification. C'est le cas de gros émetteurs comme la Russie, l'Australie, le Royaume Uni, l'Italie ou le Japon mais aussi de nombreux pays d'Afrique et du Moyen Orient.
Pour l'instant, ces pays ne peuvent participer à la CMA1 qu'en tant qu'observateurs et ils sont en théorie exclus des décisions. Trancher des points sensibles dans ces conditions risquerait d'entrainer d'interminables contestations.
Cela fait au moins deux bonnes raisons de reporter les négociations sur la mise en œuvre de l'Accord de Paris à plus tard. Reste à savoir ce qu'on reporterait, et à quand.
Une échéance logique serait la COP24. De nombreux préparatifs pour la mise en œuvre de l'Accord doivent en effet s'achever en 2018 : le sixième rapport du GIEC, les travaux de l'APA, les recommandation du SBSTA (un autre organe de la Convention cadre) sur la comptabilisation des ressources financières, etc.
Mais un défi de la conférence de Marrakech est aussi de préserver la dynamique née de la COP21 et de l'entrée en vigueur très rapide de l'Accord de Paris. Un report en bloc de deux ans serait un très mauvais signal, beaucoup d'acteurs y verraient une façon pour les États de revenir sur les engagements qu'ils ont pris l'année dernière.
Il va donc falloir trouver un équilibre difficile et s'efforcer de progresser dans l'application du texte dès maintenant. Le sommet qui s'ouvre demain promet d'être plus compliqué et mouvementé que prévu...
Publié le 6 novembre 2016 par Thibault Laconde
Tuesday, 5 April 2016
COP22 Et au fait où en sont les négociations

Où en est-on après cette première semaine ? C'est difficile de se faire un avis mais voici déjà quelques points qui ont retenu mon attention.
(Attention : cet aperçu est tout sauf exhaustif)
Suspendre la CMA1, jusqu'à quand ?
La CMA1, c'est-à-dire la première réunion des pays qui ont adhéré à l'Accord de Paris, n'est pas encore formellement ouverte et tout le monde est déjà d'accord pour la suspendre.
Comme je l'expliquais la semaine dernière, le sort de la CMA1 est un enjeu important de la conférence de Marrakech. Cette première réunion doit préciser l'Accord adopté l'année dernière mais son entrée en vigueur éclair a pris de vitesse les travaux préparatoires. Dans ces conditions, un consensus semble se dessiner pour ouvrir la CMA1 la semaine prochaine, adopter quelques décisions relatives à son fonctionnement puis la suspendre : la réunion ne serait pas officiellement close à la fin de la conférence de Marrakech et reprendrait lors du ou des prochains sommets.
Et c'est justement là que le consensus s’arrête : jusqu'à quand suspendre la CMA1 ? En d'autres termes : quelle date limite se donne-t-on pour rendre l'Accord de Paris opérationnel ?
Dès mardi (donc avant le résultat de l'élection américaine), le groupe Parapluie a pris position pour un report à 2018. L'Union Européenne a annoncé vendredi que cette option a aussi sa préférence.
En tout état de cause, le temps est compté pour avancer cette année : la session de l'APA, le groupe de travail chargé de préparer la mise en œuvre de l'Accord de Paris, se termine lundi avant l'arrivée des chefs d’État. Des discussions pourraient tout de même se poursuivre de façon informelle la semaine prochaine.
Agenda pre-2020
Puisque l'Accord de Paris a de bonne chance de ne pas être opérationnel avant plusieurs années. Que fait-on avant notamment en termes de financement et de réduction des émissions ? C'est la question de l'agenda pre-2020 qui ne peut que se poser alors que la COP22 se veut "la COP de l'action".
Sans surprise, c'est le G77+Chine (la coalition des pays en développement) et le groupe des pays africains qui poussent pour avoir des réponses claires sur ce sujet et pour que les pays industrialisés honorent les engagements qu'ils ont déjà pris.
Où se tiendra la COP23 ?
Jeudi, on a vu passer un tweet curieux de l'UNFCCC :
Personne ne veut organiser la prochaine conférence sur le #climat https://t.co/Zlt3jZ822i #COP22 pic.twitter.com/TgrfIjeREF— ONU Action Climat (@CCNUCC) 10 novembre 2016
C'est vrai que, dans la perspective d'une suspension de la CMA1 jusqu'en 2018, la prochaine conférence risque encore d'être très technique et de n’intéresser que les spécialistes... Alors qui se dévouera pour l’accueillir ?
Pour l'instant, une chose est sure : les Îles Fidji ont proposé de présider une COP qui se tiendrait à Bonn au siège de l'UNFCCC. Mais vendredi, la délégation chinoise a laissé entendre que Pékin pourrait accueillir la COP23, ce serait évidemment un symbole fort pour le leadership chinois au moment où les Etats-Unis menacent de se désengager.
Publié le 11 novembre 2016 par Thibault Laconde
Friday, 22 January 2016
Quelle stratégie pour la COP22 après la victoire de Donald Trump
Comment la communauté climatique espère-t-elle s’accommoder de la présidence Trump ? Et quels thèmes vont dominer les 9 jours qui restent à la COP22 ?
Voici quelques éléments de réponse sur des questions encore largement ouvertes.
La 22e COP sera pro-business ou ne sera pas
Le commentaire sur l'élection américaine était une figure imposée hier et le nom de Donald Trump, sur toutes les lèvres... Par recoupement, il n'a pas été très difficile de voir les éléments de langage se dessiner.
Le mot-clé, c'est "self-interest" : contribuer à la lutte contre le changement climatique est dans l’intérêt bien compris de l'Amérique de Trump, et pas seulement à long-terme : devenir une "super-puissance de l'énergie propre" (même si la formule est d'Hillary Clinton), créer des emplois, assurer la sécurité des États-Unis... Voilà quelques-uns des thèmes qui ont été déclinés.
On va sans doute lourdement insister sur l’intérêt des entreprises pour la lutte contre le changement climatique, avec l'espoir de parler à l'homme d'affaire autant qu'au président. Les grandes entreprises américaines qui se sont déjà engagées, et surtout celles qui perdraient à un retournement de la politique américaines, vont devenir les ambassadeurs du climat à Washington. Jill Duggan a bien résumé le raisonnement : "Trump is pro-business and business is pro-climate", Trump soutient le monde affaires et le monde des affaires soutient le climat.
En sens inverse, on peut s'attendre à voir disparaître toute idée un peu subversive (Responsabilité des multinationales ? Redistribution ? Décroissance ? Accueil des réfugiés climatiques ? Berk !). Elles n'occupaient de toute façon pas beaucoup de place dans les COP...
Est-ce que ça suffira à infléchir la politique du nouveau président ? Pour reprendre l'expression d'un autre participant : on espère que c'est Trump le négociateur qui entrera à la Maison Blanche, pas Trump le démagogue.
Stratégie du containment
S'il n'est pas possible de convaincre Donald Trump et si les États-Unis doivent vraiment sortir de l'Accord de Paris voire de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, il faut à tout prix éviter un effet domino. Avant même de connaître la position exacte de l'administration Trump, son endiguement est devenu un enjeu majeur de la COP22.
"Après la victoire de Trump, les chefs d’État doivent venir à la COP22 réaffirmer leur soutien à l'Accord de Paris."
Comme à chaque COP, un "segment de haut niveau" réunira du 15 au 17 novembre des chefs d’État et de gouvernement. On attendra d'eux qu'ils confirment fermement les engagements qu'ils ont pris l'année dernière, même au prix de quelques discrètes concessions. S'il y a une chose à retenir de l'expérience Bush/Kyoto, c'est qu'il vaut mieux transiger avant qu'après : en 2001, les Européens avaient fini par céder sur presque tout pour sauver le Protocole, sans parvenir à ramener les États-Unis dans le processus.
Il faut aussi espérer que la situation décidera des responsables politiques qui n'ont pas encore confirmé leur présence à faire le déplacement. Au dernier comptage, 43 chefs d’État sont attendus (contre 150 l'année dernière à Paris). Parmi les dirigeants européens seuls le président français et le prince de Monaco ont confirmé, excusez du peu...
Chine et Russie au cœur du jeu
Enfin, on regardera avec une attention particulière en direction de Pékin et de Moscou.
L'histoire des négociations climatiques est largement celle d'une dialectique entre la Chine et les États-Unis. En septembre, les deux pays avaient ratifié simultanément l'Accord de Paris, Pekin est-il prêt à aller de l'avant sans Washington ? Ce n'est pas impossible : la transition énergétique chinoise répond d'abord à des pressions internes et les engagements pris à Paris ont déjà largement été transposés dans le 13e plan quinquennal. Pourquoi se priver d'affirmer à si bon compte son leadership ?
Si la Chine s’engageait inconditionnellement à respecter l'Accord de Paris et à atteindre les objectifs fixés par son INDC, elle enverrait un signal très fort en faveur de la lutte contre le changement climatique. Par ailleurs, elle invaliderait un pan entier de l'argumentaire de Donald Trump, qui comme on le sait voit dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre une sorte de complot chinois contre l'industrie américaine.
La Russie quant à elle n'a pas encore ratifié l'Accord de Paris, même si la procédure est en cours. C'est le dernier grand émetteur de gaz à effet de serre dans cette situation. Compte-tenu de la sympathie affichée entre Trump et Poutine, le risque est évidemment de voir se former une coalition États-Unis + Russie hostile à l'action climatique.
"Il faut éviter un effet domino si Trump dénonce l'Accord de Paris. Les réactions chinoise et russe seront décisives."
La sortie des États-Unis, si elle se réalise, ne suffirait peut-être pas à tuer l'Accord de Paris. Mais qu'un autre grand émetteur annonce son retrait, ou qu'une poignée de petits pays reculent, et l'édifice bâti lors de la COP21 s'effondrera irrémédiablement. C'est ce scénario catastrophe qu'il faut éviter.
Publié le 10 novembre 2016 par Thibault Laconde
Tuesday, 22 September 2015
Six choses à retenir de la COP22

On ne sait donc pas encore précisément ce qui en sortira, il faut attendre le communiqué final et prendre le temps d'analyser les documents pour ça, mais on peut déjà en retenir quelques points marquants.
En bref, tout s'est passé comme prévu
A ce stade, c'est prendre un petit risque de l'affirmer mais, sauf rebondissement de dernière minute, il n'y aura eu aucune surprise pendant la conférence de Marrakech. La CMA1 a été ouverte et rapidement suspendue, un programme de travail a été défini jusqu'en 2018 pour aboutir à la mise en œuvre de l'Accord de Paris, la proclamation de Marrakech - voulue par le pays-hôte - a été adoptée, etc. Comme prévu la COP22 a été surtout une COP d'organisation, sans avancées concrètes.
La communauté internationale a fait ce qu'on attendait d'elle, ni plus ni moins. A la fin d'une année aussi tourmentée, on peut considérer que c'est une réussite, ou bien se souvenir que les engagements de Paris, confirmés à Marrakech, sont toujours insuffisants. Libre à chacun de voir le verre à moitié vide ou à moitié plein...
L'Accord de Paris ne prendra pas réellement effet avant 2019
Là encore ce n'est pas une surprise mais ça reste sans doute l'information la plus importante de cette COP22.
L'Accord de Paris a beau avoir battu tous les records de vitesse, la grosse machine onusienne a son inertie. Avant que le texte puisse réellement prendre effet, il faut en préciser le fonctionnement, rendre ses mécanismes opérationnels, s'entendre sur des méthodologies... La communauté internationale s'est donné comme objectif de finaliser ce "rulebook" (règle du jeu) en 2018, lors de la COP24. Celle-ci se déroulant, comme toutes les COP à la fin de l'année, l'Accord de Paris ne sera opérationnel au mieux que début 2019.
L'élection de Donald Trump pendant la COP22 ¯\_(ツ)_/¯
L'élection de Donald Trump a été un choc à Marrakech comme partout dans le monde. Personne ne sait ce que fera le nouveau président après son entrée en fonction en janvier mais le risque d'un démantèlement de la politique climatique américaine et d'une démobilisation de la communauté internationale est évident.
Beaucoup de temps a été consacré pendant la COP22 à expliquer pourquoi l'élection américaine ne changerait rien. Ce qui pouvait ressembler à de la méthode Coué s'est finalement avéré assez exact, à court-terme au moins : on voit mal comment le déroulement et les résultats de la conférence de Marrakech auraient été très différents en cas de victoire d'Hillary Clinton.
La mobilisation est toujours là
Après la mobilisation exceptionnelle de la COP21, on pouvait craindre que la conférence de Marrakech apparaisse bien pâle. Ça n'a pas été le cas.
La "zone bleue" de la COP22 a accueilli près de 30.000 délégués, beaucoup d'autres visiteurs ont parcouru la zone verte et les espaces ne nécessitant pas d’accréditation. Plus de 1200 manifestations, ont eu lieu pendant les deux semaines. Et près de 80 chefs d’État et de gouvernement ont fait le déplacement.
Pour une COP dont on attendait rien de concret (et qui a tenu ses promesses), c'est remarquable. Incontestablement, c'est la preuve que le climat reste en haut de l'agenda : aucun autre sujet n'a la capacité de mobiliser aussi largement la communauté internationale.
La société civile est désormais au premier plan
Et c'est probablement un des paradoxes de cette conférence. Pendant longtemps, les négociations internationales ont tiré la mobilisation sur le climat. Les deux semaines des COP, chaque fin d'année depuis près d'un quart de siècle, permettaient de rappeler régulièrement l'enjeu à des médias, des entreprises, des syndicats, etc. qui avaient tendance à l'oublier.
Aujourd'hui on voit la dynamique s'inverser : la mobilisation de la société civile va beaucoup plus vite que les négociations. Désormais, c'est le processus onusien qui apparaît comme un boulet au pied de l'action climatique - le délai de 2 ans pour mettre en œuvre l'Accord de Paris en est un bon exemple. Et la situation va probablement s'aggraver avec la mauvaise volonté des États-Unis.
Afin que chacune puisse suivre sa propre dynamique, peut-être serait-il temps de mieux distinguer les deux facettes des conférences sur le climat : d'un coté de pénibles négociations onusiennes et de l'autre un grand forum international permettant à tous les acteurs de la lutte contre le changement climatique de se rencontrer et de faire connaître leurs projets ?
Les deux prochaines COP auront lieu en Europe
Où se retrouvera-t-on l'année prochaine ? A Bonn, pour une COP23 sous présidence fidjienne mais organisée dans les locaux de l'UNFCCC. Et l'année suivante, c'est la Pologne qui accueillera la COP24.
C'est très pratique pour moi, mais ce n'est pas très inspiré : Ce sera la quatrième fois que l'Allemagne accueille une COP et la Pologne (qui est par ailleurs loin d'être exemplaire en matière de climat) en a déjà organisé 2 en 10 ans...
Publié le 18 novembre 2016 par Thibault Laconde
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